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Page:Bernanos - Les Grands Cimetières sous la lune.pdf/181

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SOUS LA LUNE

ça que vous appelez une révolution nationale ?

Vous me direz naturellement que les Rouges ne valent pas cher et que tous les slogans sont bons. Mille excuses ! Vous pouvez raconter que le Mikado est bon catholique, que l’Italie a toujours été le soldat de l’Idéal — gesta Dei — ou même que le général Queipo de Llano est un type dans le genre de Bayard ou de Godefroy de Bouillon, cela vous regarde. Mais ne parlez pas de Croisade. Il est possible que le temps vienne où les derniers hommes libres seront, en effet, contraints de défendre par la force les restes de la Cité chrétienne, car mieux vaut mille fois crever que vivre dans le monde que vous êtes en train d’aménager. Or, nous connaissons trop la grossièreté de vos moyens de propagande. Il est déjà devenu impossible d’évoquer la Guerre du Droit sans faire rigoler jusqu’aux dyspeptiques. Nous ne voulons pas que vous compromettiez aussi salement l’idée de Croisade ! Pourquoi, diable, les politiques réalistes prétendent-ils nous emprunter notre vocabulaire ? Est-ce que le leur ne suffit pas ? Et sauf respect, qu’est-ce que les évêques espagnols viennent faire là dedans ? Lorsque les croisés fascistes s’étant assurés de solides bases navales et aériennes sur les côtes du Levant, mettront le feu à l’Afrique française dans l’espoir de tirer quelque profit des pillages qui succèdent toujours aux sinistres,