Page:Bernanos - Scandale de la vérité.djvu/58

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— elle est plus précisément encore de refaire avec la Monarchie une Chrétienté française.

Nous n’avons jamais pris l’Exposition de 1889 pour l’apothéose du patriotisme français. Vous savons que les fraieries du boulangisme masquaient mal une crise profonde, que la France ne s’est jetée au bras du malheureux général que parce qu’elle doutait d’elle-même, de son droit. Qui doutait de la France parmi les Français ? On pourrait nommer ensemble, incriminer ensemble, le parti intellectuel et le monde ouvrier. Mais le monde ouvrier souffrait seulement de cette crise, il n’en était point l’auteur, il n’en portait pas la responsabilité. S’il doutait de la France et de la République, c’est que ni la République ni la France n’avaient été justes envers lui, n’avaient tenu les promesses faites. Au lieu que le parti intellectuel, plus puissant qu’il ne l’avait été à aucun moment de l’Histoire, ne souffrait pas dans sa chair, sa déception n’était pas celle des entrailles. Même sincères, les scrupules de ces Messieurs étaient des scrupules de luxe, leur crime est d’avoir prétendu les partager avec les