Page:Bernanos - Scandale de la vérité.djvu/70

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mier crime commis en Europe. Mais c’est assurément la première fois qu’une nation catholique, qui est la patrie du Souverain Pontife, et dispose d’une énorme influence dans l’Église, grâce au nombre paradoxal de ses cardinaux, se vante cyniquement de tenir le droit international pour une convention hypocrite et proclame à coups de canon la légitimité du fameux « Par tous les moyens », de M. Ch. Maurras, dont affectaient de se scandaliser jadis les mêmes tartufes qui aujourd’hui vous attirent dans les embrasures de fenêtres pour vous confier à l’oreille avec un sourire ignoble : « Nous savons que Mousu Franco tue beaucoup, mais il ne fallait pas le dire. » Ces gens-là ne me mettent pas en colère. J’éprouve à leur égard, au contraire, une sorte de tendresse, l’espèce de sympathie — un peu découragée, il est vrai — que le premier vieil homme venu, un soir d’hiver, lorsque la pluie noircit les trottoirs, ressent pour les putains. La pluie de sang tombe déjà sur ces fantômes. Encore un peu de mois et dans l’épreuve immense où va entrer le monde, un de ces astucieux petits monsignori diplomates, par exemple, avec ses