Page:Bernanos - Scandale de la vérité.djvu/71

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doigts gras et son sourire fin, paraîtra peut-être aussi incongru dans l’Église qu’il l’eût été au temps de saint Pierre. Voyons ! vous pouvez bien m’imposer de tolérer l’existence de ces intermédiaires au nom des nécessités temporelles de l’Église, vous n’oseriez pas m’interdire de souhaiter qu’ils deviennent un jour des parasites inutiles, faciles à éliminer. — « Mais ces monsignori sont d’Église. » Sans doute. Et nous, pauvres diables, croyants ou incroyants, nous formons précisément ce monde avec lequel l’Église éternelle les charge de négocier. C’est pourquoi nous avons parfaitement le droit d’exprimer notre opinion sur ces négociateurs faits pour nous, à notre usage. Eh bien ! ils ne nous séduisent nullement. Ils nous persuadent moins encore. À quoi donc servent-ils ? À rien ! Ils appartiennent à un état de choses aboli, aussi démodés dans leur genre que les Gardes Nobles et les Gardes Suisses du Vatican. À cela près qu’il ne viendrait à l’esprit d’aucun Pape de prendre au sérieux ces militaires transformés par les siècles en gardiens de musée. Au lieu que l’existence des autres ne tient qu’à un malentendu. Nous com-