Page:Bernanos - Scandale de la vérité.djvu/86

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même décoré de la Croix de guerre, ainsi ! Telle est la consolation qu’on apporte à un malheureux peuple qui aura demain une nouvelle frontière à défendre.

Le jour où nos fils se feront tuer sur ces montagnes si paisibles, on dira que c’est notre faute, que nous avons jadis brisé le cœur de M. Mussolini, déçu sa tendresse. Qu’aurions-nous eu à lui offrir en Europe Centrale ? Qu’est-ce que l’Allemagne lui eût laissé prendre ? Il nous a souri juste le temps qu’il a fallu à la presse nationale pour monter contre l’Allemagne vaincue, contre l’Allemagne impuissante, une campagne d’injures qui ne nous apportait rien, qui ne servait que la naissante propagande hitlérienne, car déjà le maître de l’Italie ne pouvait ignorer qu’aujourd’hui comme hier, il ne sera jamais d’autre empire romain que celui de la Méditerranée.

Je ne rappelle ces choses que pour mémoire. Elles ne m’intéressent déjà plus. Il est peu d’exemples au cours de l’histoire que soient restées impunies les trahisons contre la France.