Page:Bernanos - Scandale de la vérité.djvu/87

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Cela suffit. Toutes ces canailleries seraient frivoles, en dépit du sang versé, si elles n’étaient le signe matériel de l’abdication de la Chrétienté. La Chrétienté se tait, la France se tait, cela ne fait qu’un seul silence. Lorsque je parle comme je viens de le faire, on me prend volontiers pour un anarchiste. Si j’étais anarchiste, je me réjouirais de l’abaissement où sont tombés les hommes d’ordre. Or, je déplore cet abaissement, le spectacle m’en est intolérable. Je répète qu’on ne dupe pas les peuples, que toutes ces précautions oratoires, ces mais et ces si, ou encore ces grands mots, ces mots énormes, immenses, qui n’accouchent que d’actes médiocres dont chacun peut interpréter le sens à son gré, font courir plus de risques à l’Église que jadis l’invasion des Barbares. Car on baptise les Barbares, au lieu que je défie bien qu’on fasse chrétiens des mensonges, fussent-ils prudents et opportuns. Prendre la défense des Juifs et n’avoir pas un mot pour les milliers de gosses asphyxiés dans le seul but de fournir à l’État italien des débouchés économiques, ou pour les bombardements de villes ouvertes, à quoi bon ? Tout le monde