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LA TENTATION DU DÉSESPOIR

son, alors qu’il la pratiquait quotidiennement et on peut dire à toute heure du jour. Il résolut de se vaincre une fois encore.

On a honte de rapporter des faits si nus, si dépourvus d’intérêt, enfin d’une vérité commune. Après une nuit de travail, voilà le pauvre prêtre marchant de long en large à travers la chambre, les mains derrière le dos, la tête basse, retenant son haleine comme un lutteur qui ménage ses forces, s’appliquant à penser de son mieux, pensant dans les règles… Le sujet choisi d’avance, soigneusement repéré, selon les meilleures méthodes, proprement sulpiciennes, il ne le laissait point qu’il ne l’eût épuisé tout de bon. D’ailleurs, il s’aidait dans cette nouvelle entreprise d’une sorte de manuel, écrit par un prêtre anonyme, l’an de grâce 1849. « L’oraison enseignée en vingt leçons, à l’usage des âmes pieuses », annonce le titre. Chacune des leçons se divise en trois paragraphes : Réflexions. Élévation. Conclusion, suivie d’un bouquet spirituel. Quelques poésies (mises en musique par un religieux, affirme la préface…) terminent ce recueil, et chantent, sur un rythme cher à Mme Deshoulières, les délices et ferveurs de l’amour divin.

On peut tenir, presser entre ses doigts l’affreux petit livre. La reliure en est protégée par une