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DES JÉSUITES

Qu’en est-il ?

Pas n’est besoin de remarquer d’abord que les manuscrits en question ont été saisis dans les bibliothèques ou dans les archives publiques des maisons signalées. Si donc, comme le F∴ des Pilliers et M. Vollet se plaisent à le prétendre, la Compagnie de Jésus est coupée en deux clans, celui des initiés — rarissimes ! — et celui des profanes, celui des coquins et celui des gens honnêtes, n’est-on pas dès lors en droit de présumer que le groupe des agrégés coquins n’ira point, au risque évident de se trahir, étaler son code abominable sous la prunelle limpide des honnêtes profanes ? Et c’est bien ainsi que s’explique d’elle-même l’injonction sacrée par laquelle s’ouvrent ou se terminent — suivant les éditions — tous les exemplaires des Monita : « Chefs de l’Ordre, gardez pour vous, et chez vous, dans le plus grand secret, ces secrètes instructions ! »

Or, au moment de la suppression de l’Ordre, de rigoureuses et soudaines perquisitions ont été menées avec l’art le plus raffiné et le plus malveillant, par des estafiers sans scrupules, dans tous les couvents d’Espagne, de Portugal, d’Italie, de France, des Pays-Bas, d’Allemagne : où est le document saisi ? Que l’on cite le moindre papier, la note la plus hiéroglyphique, où l’on ait pu soupconner même une allusion compromettante : « J’ai vu de mes yeux, aux Archives générales du Royaume à Bruxelles, — écrit le savant P. Van Aken — des pièces confidentielles et intimes, saisies dans les cellules des Pères, tant supérieurs qu’inférieurs. La nature de ces documents, la manière dont ils étaient rangés il y a une dizaine d’années, faisait comprendre au premier coup