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DES JÉSUITES

indignes de créance[1]. » — Légende sans fondement, qui bientôt fit place à d’autres. Car on affirmait encore que l’authentique aurait été saisi à Prague ou à Anvers[2] ; dans une cachette cloisonnée du collège de Heidelberg ; sur un vaisseau en partance pour les Indes[3]. L’édition de Francfort et Leipzig, en 1747, donnait comme source les archives des Jésuites de Glatz, où un officier prussien, etc… — C’est merveille de contempler pareil accord. L’authentique est partout, mais personne n’est en état de le produire ; les éditeurs n’ont que des copies, et ils sont incapables de dire d’où leur vient cette copie et quelles sont les garanties d’authenticité. Bien plus, suivant les besoins de la cause, chaque nationalité attribue l’original à d’autres nations, et de préférence aux pays lointains : pour les éditeurs polonais, c’est l’Italie, pour les Italiens, c’est la Prusse ou la haute Bohème ; pour les Prussiens, la Silésie ; chacun passant le chanteau à son voisin et se récusant courtoisement de posséder le trésor qu’on a l’obligeance de lui attribuer. Zahorowski, dont l’édition paraît à Cracovie, témoigne que l’authentique est à Padoue, Schopp, qui ne découvre rien à Padoue, se rejette sur Paderborn. Mais le petit roman qu’il arrange pour la circonstance et dont nous avons cité le texte plus haut, n’offre pas même une pâle couleur de vraisemblance.

Ignore-t-on que Christian de Brunswick, dit l’Enragé, chef de bande et grand saccageur

  1. Arcana Soc. Jesu., Append. 1.
  2. Cf. Harenbero, Pragmatische Geschichte des Ordens der Jesuiten, 1760, t. I, p. 51 et t. II, p. 1154.
  3. Nellessen, Die Monita Secreta. Aachen 1825, p. 3 sq.