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LES INSTRUCTIONS SECRÈTES

n’est point d’habitude, à ces signes que se révèle un original.

Mais est-il absolument exact que l’on n’a découvert chez les Jésuites que des manuscrits relalivement récents, et aucun qui fût antérieur aux éditions de 1614 ? Ce point a été chaudement contesté, et il devait l’être, en effet, puisque c’est le point décisif. Or les tenants de l’authenticité n’ont apporté jusqu’ici que des affirmations ou des légendes dont la critique n’a rien laissé debout.

Et ces affirmations sont entre elles absolument contradictoires. L’original qui aurait fourni l’édition de 1614, se trouvait à Padoue, affirmait Zahorowski. Et qui, mieux que lui, était à même de le savoir ? — Non ; l’original est à Paderborn, déclarait trente ans plus tard, dans son édition de 1643, Gaspar Schopp, qui précisément habitait Padoue. Et c’est la version qui désormais se substitue à celle de Zahorowski ; celle qui a pris corps dans les éditions de 1668, 1678, 1682, puis dans l’édition de 1761 intitulé de Paderborn (sic) et dans toutes celles qui en dérivent.

Son succès lui vint tout uniment de l’anecdote, d’ailleurs controuvée, dont Schopp avait cru pouvoir corser son assertion. « Il y a quelques années — écrivait-il — quand le duc Christian de Brunswick, soi-disant évêque d’Halberstadt, mit au pillage le collège des Jésuites à Paderborn, il légua leur bibliothèque et leurs archives aux PP. Capucins, qui découvrirent la présente Instruction secrète dans les cartons du Recteur. Même chose arriva au collège des Jésuites de Prague, à en croire des hommes qui ne sont pas