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LES INSTRUCTIONS SECRÈTES

entre bien d’autres — qui révolteront sans doute quelque âne débonnaire, — « Justice de Huron ! » direz-vous.

Oh ! lecteur ami, n’injuriez pas, je vous prie, les Hurons. Mais observez seulement qu’aux xviie et xviiie siècles, il n’en allait pas exactement de la sorte. Fra Paolo lui-même, non moins haineux, mais plus clairvoyant que les Graeber ou les Philippson d’aujourd’hui, broncha tout net devant l’acte de foi. — « Balivernes que tout cela » écrivait-il au sujet des Règles imprimées à Lyon. Puis revenant aux Monita et au degré surhumain de scélératesse qu’ils supposent dans un homme : « À coup sûr, » déclare-t-il, en donnant un tour d’ironique bonhomie à sa pensée, « nous n’avons pas, en Italie, une idée de ces choses-là. Ailleurs, il se peut qu’on soit plus scélérat ; mais ce serait à la honte de la nation italienne, qui a le record sur tout l’univers[1]. »

Fra Paolo calomnie ses compatriotes, qu’il détestait comme trop papistes. Mais Zahorowski n’est-il point jugé par ce trait ? En voulant faire trop bien, il a nui à sa besogne, sinon pour l’avenir, du moins, la preuve en est là, pour le passé.

Car comment faire accroire à un esprit sensé qu’une bande noire de cette ampleur et de cette noirceur puisse même se fonder ? Comment imaginer surtout qu’elle réalise le miracle permanent de se maintenir au grand jour, d’établir ses missions, ses collèges et ses œuvres dans tous les coins du monde, de gagner, avec l’estime de tous les papes, l’affection des plus saints et des plus illustres évêques, la reconnaissance

  1. Graeber, Op. cit., Préface.