Page:Bernard, Les instructions secrètes des jésuites, Bloud et Cie, 1903.djvu/6

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
8
LES INSTRUCTIONS SECRÈTES

Les mystères de leurs conjurations, leur soif enfiévrée de domination et d’or, leurs menées insidieuses à la cour des rois, au conseil des évêques ou des cardinaux, dans les salons des princesses, l’art subtil qu’ils possédaient pour capter les bonnes grâces des veuves avec leur héritage, pour remplir de demoiselles nobles les couvents et, surtout, pour attirer chez eux les jeunes gens de famille bien doués et bien rentés ; tout cela, sans compter le reste, se trouvait sommairement formulé, codifié en seize petits chapitres ou avis, qui prétendaient exposer toute l’organisation ésotérique de l’Ordre.

Chose inexplicable à première vue, le renvoi de la Société occupait la place prépondérante dans ce code draconien ; trois chapitres entiers, X, XI et XIV, traitaient des motifs, tous également frivoles, qui provoquaient sur le maladroit la foudre des dimissoires. Le croirait-on ? Pour un rien, cette terrible, mais bien imprévoyante Compagnie mettait à la porte ses affidés.

Des révélations aussi étranges pouvaient paraître, en effet, peu croyables.

Mais l’authenticité du document ne s’imposait-elle point ? Car comment émettre un soupçon, un doute ? On possédait à Padoue, affirmait l’éditeur, un manuscrit espagnol, égaré par hasard des archives de l’Ordre et traduit aussitôt en latin. Or, c’était cette traduction même, expédiée de Padoue sur Vienne, puis de Vienne sur Cracovie, que l’auteur anonyme offrait au bon public.

En fallait-il davantage ?

Si quelques esprits chagrins se montraient plus exigeants, ils pouvaient, du reste, se référer aux seize Témoignages dont l’Avant-propos donnait