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LES INSTRUCTIONS SECRÈTES

ecclésiastique se mit-elle en devoir de rechercher activement diffamateurs et colporteurs.

Mais le faussaire s’enveloppait d’ombres ; mieux que personne il pratiquait l’occultisme. Non seulement le factum sortait, sans nom d’auteur, de presses clandestines ; mais pour donner plus adroitement le change, n’avait-on pas poussé le luxe des précautions jusqu’à ce raffinement d’antidater l’opuscule de deux ans ! Toutefois, aux premiers bruits de procédure, le pamphlétaire avait pris peur ; ce fut, autour de lui, silence de mort et nuit noire.

De graves indices accusaient pourtant, dans cette œuvre malsaine, la main d’un ex-jésuite : une connaissance assez intime de l’Institut, la variété et l’exactitude des citations, surtout cette opiniâtre insistance qu’apportait le rédacteur, sans souci de son texte et hors de propos, à justifier les membres congédiés de l’Ordre. Au tour de phrase, au choix des mots, on reconnaissait le Slave et les allusions, les traits de mœurs indiquaient assez la main d’un Polonais. Justement un certain Jérôme Zahorowski, curé de Gozdziec, avait été renvoyé de la Compagnie l’année précédente et plusieurs fois déjà convaincu de faux : les soupçons, confirmés d’ailleurs par un ensemble accablant de témoignages, devinrent bien vite assez fondés pour que Pierre Tylicki, son évêque, le 11 juillet 1615, informât contre lui.

Quel était donc ce Jérôme Zahorowski ?

Son histoire est brumeuse et il est difficile d’avoir à crayonner, en même temps, figure plus fuyante et, moins gaie. Volhynien de naissance, mais de bonne race, Zahorowski n’avait rien du caractère chevaleresque et de l’ouverture d’esprit