Page:Bernard - Étude sur les marais de la Vendée et les chevaux de Saint-Gervais.djvu/16

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nait de droit à l’État, qui le donnait en prime au cabanier lui-même, ou à l’éleveur qui s’était montré le plus soigneux et qui avait à cœur de faire prospérer l’élève du cheval de guerre dans ses domaines. Ces étalons, ces juments, disséminés dans les parties les plus fertiles, les plus peuplées du marais, changèrent bien vite, on le comprend, les caractères de l’ancienne race. Cette transformation se faisait de 1778 à 1793, sans trop de difficulté, car les caractères de la race précitée étaient peu fixes.

Si nous examinons la production chevaline d’alors, nous voyons qu’elle suit deux courants : le courant progressif et le stationnaire. La variété des chevaux de luxe était élevée par les propriétaires les plus éclairés qui, pour réaliser des bénéfices plus grands, secouaient le joug de cette vieille routine innée chez l’agriculteur et l’éleveur vendéen. Le reste des populations continuait à élever le cheval mulassier qui lui rapportait moins de profit. Cette dernière variété, dont les marchands du Berry venaient faire l’acquisition sur les champs de foire de nos villes de Vendée, Saint-Gervais, Luçon, Fontenay, portait le nom de ses acheteurs ; tandis que les premiers, plus élégants, propres à la diligence, au carrosse, et achetés par les marchands de Normandie, étaient appelés normands. Implantés sur les herbages de ce pays, ayant assez d’identité avec les nôtres, ils prenaient les caractères du cheval normand ; ils devenaient plus élancés, les tissus devenaient plus serrés ; étant du reste de même provenance, la distinction entre eux n’était pas facile. En 1793, l’élève était prospère, le commerce actif ; les poulains de deux ans se vendaient de 450 à 600 fr. C’est à cette époque qu’éclata l’insurrection de Vendée.

Les guerres de Vendée et la production chevaline. — Les