Page:Bernard - Étude sur les marais de la Vendée et les chevaux de Saint-Gervais.djvu/17

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guerres étendirent leurs ravages sur tout ; les bestiaux ne furent point épargnés dans cette crise malheureuse. Nos meilleurs chevaux, enlevés de leurs pâturages, montèrent les cavaliers du roi et les soldats de la République ; et lors de la pacification, vers 1800, nos prairies étaient dépeuplées. L’avenir de la population chevaline était gravement compromis ; quelques années encore d’un semblable régime, et sa ruine était certaine. Mais la paix, le hasard et la sollicitude d’un homme de cœur, dévoué aux intérêts de son pays, sauvèrent la race poitevine d’une destruction éminente.

Les parties basses du marais étaient et sont encore souvent couvertes par les eaux ; aussi, les habitants, pour conserver les rares animaux que la guerre avait épargnés, interceptèrent-ils, par le barrage des canaux, l’écoulement des eaux à la mer. Les chevaux de la commune de Soullans et de quelques localités voisines, parqués sur des éminences défendues par les inondations, ne furent point inquiétés, et lors de la pacification, formèrent le noyau qui devait reconstituer la race chevaline.

Mais au sortir de la crise, il ne nous restait qu’un petit nombre de bêtes de médiocre valeur ou d’un mérite secondaire. Il nous fallait un étalon de tête pour imprimer à la race les qualités qu’elle avait perdues. Ce fut M. Mourain-Dupaty, président du district de Challans, qui nous le fournit. Cet éleveur distingué avait conservé pendant les troubles une jument des écuries royales et son poulain, jeune animal de beaucoup d’espérance, qui commença la monte à deux ans, et continua de l’opérer jusqu’à un âge très avancé. Ce fut cet étalon, carrossier fort et bien conformé, à robe baie, qui renouvela la race poitevine, et laissa après sa mort, ce soin à un nombre infini de ses