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qualités : aussi étaient-ils gardés dans le pays pour chasser à courre, pour le service de la selle, ou étaient importés à l’extérieur, en Normandie, en Anjou, pour être destinés aux mêmes emplois, pour lesquels leur douceur et leur énergie les faisaient rechercher.

Éléphant, qui faisait la monte en même temps, était aussi un étalon de grande valeur : il n’offrait point le brillant ni la finesse du premier, il avait la tête grosse, énormément busquée, le rein un peu long ; mais son énergie et ses autres qualités faisaient passer sur ses défauts. Ses descendants des deux sexes acquirent beaucoup d’ampleur dans nos herbages, et moins demandés par le commerce, ils formèrent souche ; la race poitevine devint en partie normande.

Mais cette race devenue plus élancée, ayant acquis les allures recherchées du cheval de Normandie par ses croisements avec ce dernier, tendait à dégénérer. Ayant pour seule nourriture une herbe abondante, mais aqueuse, soumis à l’influence d’une température peu variable mais humide, les animaux devenus lymphatiques n’avaient conservé que la tête busquée et les autres défauts du cheval normand dont ils avaient perdu les qualités.

Pour remédier à un état de choses aussi alarmant, des sacrifices étaient nécessaires ; le cheval aurait dû être soustrait aux inclémences de l’hiver et à l’insuffisance d’une nourriture peu nutritive. Nos agriculteurs auraient dû observer quelques soins hygiéniques pour conserver à la race les qualités qu’elle avait acquises par ses derniers croisements. Mais les préjugés enracinés par le temps sont chose difficile à détruire : leurs pères livraient leurs bestiaux au régime exclusif des pâturages et en retiraient un certain profit ; les fils ne devaient-ils pas suivre les erre-