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Scène III.

BRUTUS, VALERIUS.
BRUTUS.

L’Avis des Senateurs ne nous met point en peine,
Senat, peuple, Conſuls, tout à la même haine,
On ne croit point Tarquin favoriſé des Dieux,
Juſqu’à pouvoir de Rome être victorieux.
Ainſi tranquillement écoutons ſa menace,
À d’autres ſentimens laiſſons reprendre place,
Paſſons à d’autres ſoins. Qu’on appelle mes fils,
Songez au doux eſpoir que l’aîné s’eſt permis,
Seigneur, à vôtre ſœur deſtiné par vous-même,
Il eſt tems qu’il arrive à ce bonheur ſuprême ;
Maintenant de Titus le nom a quelque éclat,
Vous ſçavez quelle eſtime en a fait le Senat,
Lors que pour prévenir une prompte entrepriſe,
La porte Quirinale à ſes ſoins fut commiſe.
Ses vertus, le combat contre les Vejentins,
Où ce fils a fait ſeul triompher nos deſtins,
Redoublent envers luy mon amour paternelle.
Que vôtre exemple encore affermiſſe ſon zele,
Qu’étant à vôtre ſœur le nom de ſon époux,
L’aſſocie aux vertus qu’on voit briller en vous.

VALERIUS.

J’attens ce jour, Seigneur, avec impatience,
Vous verrez obeïr ma ſœur ſans reſiſtance,