Page:Bernard - Brutus.djvu/21

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Car enfin de ſon Trône indignement chaſſé ;
Tarquin par ce forfait n’eſt pas ſeul offenſé :
Et ſi de Porſenna la valeur éclatante
Ne pouvoit accabler Rome encore naiſſante,
D’un Roy dépoſſedé l’exil & les malheurs
De tous les autres Rois luy feroient des vengeurs.

BRUTUS.

Les legitimes Rois n’ont point reçû d’offenſe
Seigneur, & des Tarquins nous bravons la vengeance ;
Ce qui nous a rendus criminels à leurs yeux,
Dans le parti de Rome attirera les Dieux.
Vainement contre nous s’éleve l’Etrurie
Nous ſoûtiendrons l’éclat d’une injuſte furie.
Tarquin ſous ſes drapeaux ne peut avoir rangé
Qu’un peuple à l’apuyer foiblement engagé ;
Mais à tous ſes efforts, ſçachez que Rome oppoſe
Des bras fortifiez par l’horreur qu’il nous cauſe,
La crainte de rentrer dans de ſi rudes fers
Rendra toûjours vainqueurs ceux qui les ont ſouffers.

OCTAVIUS.

De vôtre aveugle haine il ne faut rien attendre ;
Mais ce n’eſt point aſſez le Senat doit m’entendre ;
Un peril ſi preſſant peut le faire trembler.

BRUTUS.

Dans deux heures, Seigneur, il ſe doit aſſembler ;
Mais n’en attendez rien qui vous ſoit favorable,
Soyez ſûr de trouver le Senat implacable,
Rome n’a qu’un eſprit.

OCTAVIUS.

Si mes conſeils ſont vains,
Du moins j’auray tout fait pour ſauver les Romains.