Page:Bernard - Brutus.djvu/32

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AQUILIUS.

Ne craignez rien, Seigneur, Aquilie eſt capable
Du ſecret le plus grand, le plus inviolable.
De plus, ignorez-vous quelle ſevere loy,
Met obſtacle au deſſein de rétablir le Roy ?
Quiconque ſeulement en ſeroit le complice,
Sous de cruels tourmens Rome veut qu’il periſſe.
Rome ſans diſtinguer âge, ſexe, ny rang,
N’écoute que ſa haine & demande du ſang.
Quand ma fille pourroit ſans l’ordre de ſon Pere
Reveler à Titus cét important myſtere,
Titus ſçait trop du moins, qu’en ne le cachant pas,
Il conduit ce qu’il aime au plus affreux trépas.
Dans un même attentat avec moy je la lie,
Et fais ma ſeureté du peril d’Aquilie.
Rien n’eſt à redouter ; il ne reſte qu’à voir
Par quel art j’agiray pour tenter ſon devoir.
Si je dois…

OCTAVIUS.

Si je doisMais, Seigneur ; à ce que j’entens dire,
Pour Aquilie auſſi Tiberinus ſoûpire.
Peut-elle être le prix que l’un & l’autre attend ?
Ce ſeroit perdre tout, que faire un mécontent.

AQUILIUS.

Seigneur, lors qu’avec nous Tiberinus s’engage ;
Ce n’eſt point à l’amour, que l’on doit cét ouvrage.
Même entre les premiers, comme il a conſpiré,
Son cœur pour elle encor n’avoit pas ſoûpiré.
Ainſi ſans avoir droit à cette recompenſe,
Il en peut ſeulement conçevoir l’eſperance.
Et moi ſans la détruire, & ſans l’autoriſer,
De pretextes divers je le puis amuſer.
Tandis qu’une agreable & ſolide promeſſe
Intereſſant Titus, & flatant ſa tendreſſe,