Page:Bernard - Brutus.djvu/80

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Quels troubles ſent mon cœur ! Frapons le coup fatal,
Evitons mille maux, en hâtant un grand mal.
Hola Gardes, à moy. Surmontons ma tendreſſe ;
Je me fais des efforts avec trop de foibleſſe.

UN GARDE.

Seigneur…

BRUTUS.

SeigneurQue vais-je dire ? Ha ! mon trouble renaît.
Ma bouche ſe refuſe à ce funeſte arreſt.
Prononçons cependant. Helas ! plus je retarde,
Et plus dans ce combat ma gloire ſe hazarde.
Allez dire à mes fils. Ciel ! quelle eſt ma fureur !
Non, non, diſpenſons-nous d’un devoir plein d’horreur,
Il ne m’eſt point honteux de manquer de courage,
Quand il faut pour punir aller juſqu’à la rage.
Tu te flattes, Brutus, parle ; il faut prononcer :
De punir un forfait, qui peut te diſpenſer ?
C’en eſt fait, vainement mon cœur s’en épouvante.



Scène V.


BRUTUS, VALERIUS.
BRUTUS.

Ha ! Seigneur ſoûtenez ma vertu chancelante.
Je ſacrifie aux Loix mon plus cher intereſt ;
Je condamne mes fils ; j’en prononce l’arreſt.