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Page:Bernard - Eleonor d Yvree.djvu/24

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nor, mais elle ſouhaitoit de trouver un Amant comme lui, & elle ſentoit, que s’il ne lui avoit pas preciſément reſſemblé, il ne lui auroit pas plû. Ce ſentiment ne lui donna d’abord qu’une mélancolie qui ne laiſſoit pas d’avoir ſa douceur, mais lors qu’elle vint à en connoiſtre la nature, elle en eut une douleur tres-vive.

Eleonor & le Duc de Miſnie n’en ſoupçonnoient point la cauſe. Le Duc étoit trop occupé de ſa tendreſſe, pour démêler celle de Matilde, & Eleonor n’étoit pas aſſes habile, pour examiner les ſentimens d’autrui ; à peine connoiſſoit-elle les ſiens.

La Ducheſſe de Miſnie s’aperceut avec chagrin de l’inclination de ſon Fils pour Eleonor. Il pouvoit pretendre aux plus grands Partis de la Cour, & aux plus hautes Alliances. Elle conceut que l’amour nuiroit à la fortune de ce Fils, & fit deſſein d’emmener Eleonor en Miſnie, où elle étoit-obligée d’aller paſſer une année. La