Aller au contenu

Page:Bernard - Eleonor d Yvree.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le l’embraſſa avec une tendreſſe que la compaſſion excitoit en elle, & aprés avoir dit adieu aux enſans du Marquis d’Yvrée, elle reprit la route de Miſnie.

Son départ réveilla l’eſprit d’Eleonor de ſon aſſoupiſſement. Quand elle ſe vit abandonnée de tout ce qu’elle avoit accoûtumé de voir, qu’elle ne trouva plus d’objets qui euſſent rapport au Duc de Miſnie, & que tout la fit ſonger qu’elle alloit être à un autre qu’à lui, elle ne put retenir ſes larmes ; elle les laiſſa couler en abondance ; & et il n’êtoit plus poſſible qu’elle goûtaſt aucun autre plaiſir.

Le Baron d’Hilmont penſoit que l’amitié qu’elle avoit pour une Perſonne qui depuis aſſez long-temps lui tenoit lieu de Mere, êtoit la cauſe de ſa douleur. Il lui diſoit tout ce qu’il croyoit être propre à la moderer, mais elle, le regardant avec une mortelle triſteſſe. Je ne cherche point à me conſoler, lui dit-elle, laiſſez-moi pleurer, c’eſt la ſeule grace que vous