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Page:Bernard - Eleonor d Yvree.djvu/73

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ne m’aime pas. Ils garderent là-deſſus tous trois un profond ſilence ; puis enfin Eleonor reprit la parole, comme étant en quelque façon maiſtreſſe de la deſtinée de ces deux Perſonnes, malgré l’engagement où elles étoient enſemble.

Elle regarda ſon Amant d’un air qui ſembloit le remercier de l’attachement qu’il avoit pour elle, & en même temps l’en plaindre. Ses yeux ſe groſſirent de larmes, & elle faiſoit allez juger que ſa tendreſſe n’étoit pas moins forte que ſa vertu. Vous n’ignorez pas mes ſentimens pour le Duc de Miſnie, dit-elle à Matilde, & vous pouvez croire qu’il m’en coute beaucoup pour vous le ceder, quoi qu’il ſemble que je ne puiſſe plus être à lui ; mais enfin je vous dois cet effort. J’épouſerai le Comte de Retelois, & c’est tout ce que je puis faire en vôtre faveur.

Vous faites une action heroïque, lui dit Matilde en lui prenant la main,