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Page:Bernard - Eleonor d Yvree.djvu/82

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pas poſſible de ne vous point chercher malgré vôtre defenſe ; & vous pouvez me fuïr. Falloit-il me deſabuſer de vôtre infidélité, pour me convaincre de vôtre froideur ? Je vous aurois trouvée peu digne d’être aimée ; j’aurois voulu me vanger ; de depit m’auroit gueri, mais je ne puis attendre la même choſe de mon deſeſpoir. Je me hais moi-même de ce que vous ne m’aimez pas. Peut-être que je n’ai point dû prétendre de votre part une tendreſſe pareille à la mienne ; mais je l’avouë, j’avois attendu plus de pitié. Mes larmes, mes malheurs, ma mort que vous ne ſçauriez croire éloignée, pouvoient me tenir lieu de quelque merite auprés de vous. Cependant vous épouſerez le Comte de Retelois. Je vais attendre icy que vous me donniez cette derniere marque de vôtre dureté ; apres cela ſi je ne suis pas aſſez heureux pour en mourir, j’irai chercher la ſolitude la plus affreuse pour m’y tourmenter