Aller au contenu

Page:Bernard - Eleonor d Yvree.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la mettoient dans une peine inſuportable, & lui faiſoient ſentir par avance celle où elle alloit entrer pour toûjours. Il lui ſembloit qu’elle n’avoit plus que ce jour à vivre. L’idée du Duc de Miſnie ne la quittoit point ; elle ſe le repreſentoit plus aimable & plus amoureux que jamais. Quoi qu’elle ne l’eût pas fait avertir de ſon depart, elle croyoit bien qu’il n’étoit pas loin d’elle ; il lui marquoit la violence de ſon amour, en renonçant à Matilde, malgré toutes les raiſons qu’il avoit de s’attacher à ſa fortune, & dans le temps qu’il n’avoit preſque plus rien à eſperer de ſon coſté, elle alloit lui donner une douleur mortelle. Comment ſuffire à toutes ces reflexions ? Elle en étoit accablée, & elle ne les démeſloit qu’à peine.

Le Duc de Miſnie s’étant déguiſé pour étre moins remarqué, marchoit ſur ſes pas. Elle ſe fit deſcendre dans une grande allée qui aboutiſſoit au Chaſteau, & qui