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Page:Bernard - Eleonor d Yvree.djvu/99

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Le Duc de Miſnie ſe retira en achevant ces paroles, qui furent un coup de foudre pour Matilde. Elle demeura dans un profond ſilence, & elle jettoit des regards funeſtes, qui n’avoient aucun objet déterminé. Sa mere la trouva dans le mortel accablement, où la fuïte du Duc de Miſnie l’avoit miſe ; elle n’avoit ny la force de pleurer, ny celle de ſe plaindre, mais elle en avoit aſſez pour ſentir tous les malheurs.

Matilde paſſa le jour ſans donner preſque aucune marque de vie, & ſur le ſoir ſa Fiévre qui étoit un peu diminuée par la tréve que le départ d’Eleonor avoit donnée à ſes inquietudes, augmenta ſi conſiderablement qu’on jugea qu’il étoit impoſſible qu’elle y réſiſtat. Son imagination lui repreſentoit ſans ceſſe le Duc de Miſnie preſent & irrité, elle l’accabloit d’injures ; elle lui demandoit pardon ; ſon Pere & ſa Mere étoient à ſes coſtez fondans en larmes, elle ne connoiſſoit ny l’un ny