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de l’expérimentation chez les êtres vivants.

ces conditions viennent à manquer, la manifestation vitale cesse, parce que le phénomène physico-chimique qui lui est parallèle s’arrête. Dans les végétaux, les phénomènes de la vie sont également liés pour leurs manifestations aux conditions de chaleur, d’humidité et de lumière du milieu ambiant. De même encore pour les animaux à sang froid ; les phénomènes de la vie s’engourdissent ou s’activent suivant les mêmes conditions. Or, ces influences qui provoquent, accélèrent ou ralentissent les manifestations vitales chez les êtres vivants, sont exactement les mêmes que celles qui provoquent, accélèrent ou ralentissent les manifestations des phénomènes physico-chimiques dans les corps bruts. De sorte qu’au lieu de voir, à l’exemple des vitalistes, une sorte d’opposition et d’incompatibilité entre les conditions des manifestations vitales et les conditions des manifestations physico-chimiques, il faut, au contraire, constater entre ces deux ordres de phénomènes un parallélisme complet et une relation directe et nécessaire. C’est seulement chez les animaux à sang chaud, qu’il paraît y avoir indépendance entre les conditions de l’organisme et celles du milieu ambiant ; chez ces animaux, en effet, la manifestation des phénomènes vitaux ne subit plus les alternatives et les variations qu’éprouvent les conditions cosmiques, et il semble qu’une force intérieure vienne lutter contre ces influences et maintenir malgré elles l’équilibre des fonctions vitales. Mais au fond il n’en est rien, et cela tient simplement à ce que, par suite d’un mécanisme protecteur plus complet que nous aurons à étudier, le milieu intérieur de l’animal