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de l’expérimentation chez les êtres vivants.

vitaux. Toutefois les corps vivants paraissent de prime abord se soustraire à l’action de l’expérimentateur. Nous voyons les organismes supérieurs manifester uniformément leurs phénomènes vitaux, malgré la variabilité des circonstances cosmiques ambiantes, et d’un autre côté nous voyons la vie s’éteindre dans un organisme au bout d’un certain temps, sans que nous puissions trouver dans le milieu extérieur les raisons de cette extinction. Mais nous avons déjà dit qu’il y a là une illusion qui est le résultat d’une analyse incomplète et superficielle des conditions des phénomènes vitaux. La science antique n’a pu concevoir que le milieu extérieur ; mais il faut, pour fonder la science biologique expérimentale, concevoir de plus un milieu intérieur. Je crois avoir le premier exprimé clairement cette idée et avoir insisté sur elle pour faire mieux comprendre l’application de l’expérimentation aux êtres vivants. D’un autre côté, le milieu extérieur s’absorbant dans le milieu intérieur, la connaissance de ce dernier nous apprend toutes les influences du premier. Ce n’est qu’en passant dans le milieu intérieur que les influences du milieu extérieur peuvent nous atteindre, d’où il résulte que la connaissance du milieu extérieur ne nous apprend pas les actions qui prennent naissance dans le milieu intérieur et qui lui sont propres. Le milieu cosmique général est commun aux corps vivants et aux corps bruts ; mais le milieu intérieur créé par l’organisme est spécial à chaque être vivant. Or, c’est là le vrai milieu physiologique, c’est celui que le physiologiste et le médecin doivent étudier et connaître, parce que