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considérations spéciales aux êtres vivants.

l’exercice ou détruites par les accidents et par les maladies ; de sorte que c’est aux conditions physico-chimiques de ce développement primitif qu’il faudra toujours faire remonter les explications vitales, soit à l’état normal, soit à l’état pathologique. Nous verrons en effet que le physiologiste et le médecin ne peuvent réellement agir que par l’intermédiaire de la physico-chimie animale, c’est-à-dire par une physique et une chimie qui s’accomplissent sur le terrain vital spécial où se développent, se créent et s’entretiennent, d’après une idée définie et suivant des déterminismes rigoureux, les conditions d’existence de tous les phénomènes de l’organisme vivant.

§ II. — De la pratique expérimentale sur les êtres vivants.

La méthode expérimentale et les principes de l’expérimentation sont, ainsi que nous l’avons dit, identiques dans les phénomènes des corps bruts et dans les phénomènes des corps vivants. Mais il ne saurait en être de même dans la pratique expérimentale, et il est facile de concevoir que l’organisation spéciale des corps vivants doive exiger, pour être analysée, des procédés d’une nature particulière et nous présenter des difficultés suis generis. Toutefois, les considérations et les préceptes spéciaux que nous allons avoir à donner pour prémunir le physiologiste contre les causes d’erreur de la pratique expérimentale, ne se rapportent qu’à la délicatesse, à la mobilité et à la fugacité des propriétés vitales, ainsi qu’à la complexité des phénomènes de la