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de l’observation et de l’expérience.

Zimmermann s’exprime ainsi : « Une expérience diffère d’une observation en ce que la connaissance qu’une observation nous procure semble se présenter d’elle-même ; au lieu que celle qu’une expérience nous fournit est le fruit de quelque tentative que l’on fait dans le dessein de savoir si une chose est ou n’est point.[1] »

Cette définition représente une opinion assez généralement adoptée. D’après elle, l’observation serait la constatation des choses ou des phénomènes tels que la nature nous les offre ordinairement, tandis que l’expérience serait la constatation de phénomènes créés ou déterminés par l’expérimentateur. Il y aurait à établir de cette manière une sorte d’opposition entre l’observateur et l’expérimentateur ; le premier étant passif dans la production des phénomènes, le second y prenant, au contraire, une part directe et active. Cuvier a exprimé cette même pensée en disant : « L’observateur écoute la nature ; l’expérimentateur l’interroge et la force à se dévoiler. »

Au premier abord, et quand on considère les choses d’une manière générale, cette distinction entre l’activité de l’expérimentateur et la passivité de l’observateur paraît claire et semble devoir être facile à établir. Mais, dès qu’on descend dans la pratique expérimentale, on trouve que, dans beaucoup de cas, cette séparation est très-difficile à faire et que parfois même elle entraîne de l’obscurité. Cela résulte, ce me semble, de ce que l’on a confondu l’art de l’investigation, qui re-

  1. Zimmermann, Traité sur l’expérience en médecine. Paris, 1774, t. I, p. 45.