Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/194

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188
de l’expérimentation chez les êtres vivants.

alors l’anatomiste croit faire des déductions physiologiques par l’anatomie seule et sans expérience, il oublie qu’il prend son point de départ dans cette même physiologie expérimentale qu’il a l’air de dédaigner. Lorsqu’un anatomiste déduit, comme il le dit, les fonctions des organes de leur texture, il ne fait qu’appliquer des connaissances acquises sur le vivant pour interpréter ce qu’il voit sur le mort ; mais l’anatomie ne lui apprend rien en réalité ; elle lui fournit seulement un caractère de tissu. Ainsi, quand un anatomiste rencontre dans une partie du corps des fibres musculaires, il en conclut qu’il y a mouvement contractile ; quand il rencontre des cellules glandulaires, il en conclut qu’il y a sécrétion ; quand il rencontre des fibres nerveuses, il en conclut qu’il y a sensibilité ou mouvement. Mais qu’est-ce qui lui a appris que la fibre musculaire se contracte, que la cellule glandulaire sécrète, que le nerf est sensible ou moteur, si ce n’est l’observation sur le vivant ou la vivisection ? Seulement, ayant remarqué que ces tissus contractiles sécrétoires ou nerveux ont des formes anatomiques déterminées, il a établi un rapport entre la forme de l’élément anatomique et ses fonctions ; de telle sorte que, quand il rencontre l’une, il conclut à l’autre. Mais, je le répète, dans tout cela l’anatomie cadavérique n’apprend rien, elle n’a fait que s’appuyer sur ce que la physiologie expérimentale lui enseigne ; ce qui le prouve clairement, c’est que là où la physiologie expérimentale n’a encore rien appris, l’anatomiste ne sait rien interpréter par l’anatomie seule. Ainsi, l’anatomie de la rate, des capsules