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de l’expérimentation chez les êtres vivants.

la contre-épreuve expérimentale avec l’expérimentation comparative. La contre-épreuve ne fait aucunement allusion aux causes d’erreurs qui peuvent se rencontrer dans l’observation du fait ; elle les suppose toutes évitées, et elle ne s’adresse qu’au raisonnement expérimental ; elle n’a en vue que de juger si la relation que l’on a établie entre un phénomène et sa cause prochaine est exacte et rationnelle. La contre-épreuve n’est qu’une synthèse qui vérifie une analyse, ou une analyse qui contrôle une synthèse.

L’expérimentation comparative au contraire ne porte que sur la constatation du fait et sur l’art de le dégager des circonstances ou des autres phénomènes avec lesquels il peut être mêlé. L’expérimentation comparative n’est pourtant pas précisément ce que les philosophes ont appelé la méthode par différence. Quand un expérimentateur est en face de phénomènes complexes dus aux propriétés réunies de divers corps, il procède par différenciation, c’est-à-dire qu’il sépare successivement chacun de ces corps un à un, et voit par différence ce qui appartient à chacun d’eux dans le phénomène total. Mais cette méthode d’exploration suppose deux choses : elle suppose d’abord que l’on sait quel est le nombre des corps qui concourent à l’expression de l’ensemble du phénomène ; et ensuite elle admet que ces corps ne se combinent point de manière à confondre leur action dans une résultante harmonique finale. En physiologie la méthode des différences est rarement applicable, parce qu’on ne peut presque jamais se flatter de connaître tous les corps et toutes les conditions qui entrent