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applications de la méthode expérimentale.

Dans le dernier exemple l’expérience a eu un double rôle ; elle a d’abord jugé et confirmé les prévisions du raisonnement qui l’avait engendrée, mais de plus elle a provoqué une nouvelle observation. On peut donc appeler cette observation une observation provoquée ou engendrée par l’expérience. Cela prouve qu’il faut, comme nous l’avons dit, observer tous les résultats d’une expérience, ceux qui sont relatifs à l’idée préconçue et ceux même qui n’ont aucun rapport avec elle. Si l’on ne voyait que les faits relatifs à son idée préconçue, on se priverait souvent de faire des découvertes. Car il arrive fréquemment qu’une mauvaise expérience peut provoquer une très bonne observation, comme le prouve l’exemple qui va suivre.

Troisième exemple. — En 1857, j’entrepris une série d’expériences sur l’élimination des substances par l’urine, et cette fois les résultats de l’expérience ne confirmèrent pas, comme dans les exemples précédents, mes prévisions ou mes idées préconçues sur le mécanisme de l’élimination des substances par l’urine. Je fis donc ce qu’on appelle habituellement une mauvaise expérience ou de mauvaises expériences. Mais nous avons précédemment posé en principe qu’il n’y a pas de mauvaises expériences, car, quand elles ne répondent pas à la recherche pour laquelle on les avait instituées, il faut encore profiter des observations qu’elles peuvent fournir pour donner lieu à d’autres expériences.

En recherchant comment s’éliminaient par le sang qui sort du rein les substances que j’avais injectées,