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applications de la méthode expérimentale.

de l’hémorragie, par une vraie paralysie des globules.

Mais quand une théorie est bonne et qu’elle donne bien la cause physico-chimique réelle et déterminée des phénomènes, elle renferme non seulement les faits observés, mais elle en peut prévoir d’autres et conduire à des applications raisonnées, qui seront les conséquences logiques de la théorie. Nous rencontrons encore ici ce critérium. En effet, si l’oxyde de carbone a la propriété de chasser l’oxygène en se combinant à sa place avec le globule du sang, on pourra se servir de ce gaz pour faire l’analyse des gaz du sang et en particulier pour la détermination de l’oxygène. J’ai déduit de mes expériences cette application qui est aujourd’hui généralement adoptée[1]. On a fait des applications à la médecine légale de cette propriété de l’oxyde de carbone pour retrouver la matière colorante du sang, et l’on peut déjà aussi tirer des faits physiologiques signalés plus haut, des conséquences relatives à l’hygiène, à la pathologie expérimentale, et notamment au mécanisme de certaines anémies.

Sans doute, toutes ces déductions de la théorie demandent encore comme toujours les vérifications expérimentales, et la logique ne suffit pas ; mais cela tient à ce que les conditions d’action de l’oxyde de carbone sur le sang peuvent présenter d’autres circonstances complexes et une foule de détails que la théorie ne peut encore prévoir. Sans cela, ainsi que nous l’avons dit

  1. Claude Bernard, De l’emploi de l’oxyde de carbone pour la détermination de l’oxygène du sang (Compt. rend. de l’Acad. des sciences, séance du 6 septembre 1858, t. XLVII).