Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/328

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
322
applications de la méthode expérimentale.

C’est ainsi que, voulant autrefois juger de l’influence de certaines substances sur la production de la matière glycogène dans le foie, je n’ai jamais pu trouver deux animaux comparables sous ce rapport, même en les mettant dans des conditions alimentaires exactement semblables, c’est-à-dire à jeun pendant le même nombre de jours. Les animaux, suivant leur âge, leur sexe, leur embonpoint, etc., supportent plus ou moins l’abstinence et détruisent plus ou moins de matière glycogène, de sorte que je n’étais jamais sûr que les différences trouvées fussent le résultat de la différence d’alimentation. Pour enlever cette cause d’erreur, je fus obligé de faire l’expérience complète sur le même animal en lui enlevant préalablement un morceau de foie, avant l’injection alimentaire et un autre après. De même quand il s’agit aussi de voir l’influence de la contraction sur la respiration musculaire chez la grenouille, il est nécessaire de comparer les deux membres d’un même animal parce que, dans ce cas, deux grenouilles ne sont pas toujours comparables entre elles.

§ IV. — La critique expérimentale ne doit porter que sur des faits et jamais sur des mots.

J’ai dit, au commencement de ce chapitre, que l’on était souvent illusionné par une valeur trompeuse que l’on donne aux mots. Je désire expliquer ma pensée par des exemples :

Premier exemple. — En 1845, je faisais à la Société philomathique une communication dans laquelle je discutais des expériences de Brodie et de Magendie sur