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applications de la méthode expérimentale.

avons indiqués dans les paragraphes précédents, il nous sera facile de juger toutes ses critiques. Nous dirons seulement, en attendant, qu’il y a toujours deux choses essentielles à distinguer dans la critique expérimentale : le fait d’expérience et son interprétation. La science exige avant tout qu’on s’accorde sur le fait parce que c’est lui qui constitue la base sur laquelle on doit raisonner. Quant aux interprétations et aux idées, elles peuvent varier, et c’est même un bien qu’elles soient discutées, parce que ces discussions portent à faire d’autres recherches et à entreprendre de nouvelles expériences. Il s’agira donc de ne jamais perdre de vue en physiologie les principes de la vraie critique scientifique et de n’y jamais mêler aucune personnalité ni aucun artifice. Parmi les artifices de la critique, il en est beaucoup dont nous n’avons pas à nous occuper parce qu’ils sont extra-scientifiques, mais il en est un cependant qu’il faut signaler. C’est celui qui consiste à ne relever dans un travail que ce qu’il y a d’attaquable et de défectueux en négligeant ou en dissimulant ce qu’il y a de bon et d’important. Ce procédé est celui d’une fausse critique. En science, le mot de critique n’est point synonyme de dénigrement ; critiquer signifie rechercher la vérité en séparant ce qui est vrai de ce qui est faux, en distinguant ce qui est bon de ce qui est mauvais. Cette critique, en même temps qu’elle est juste pour le savant, est la seule qui soit profitable pour la science. C’est ce qu’il nous sera facile de démontrer par la suite dans les exemples particuliers dont nous aurons à faire mention.