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de l’observation et de l’expérience.

dera-t-on, la distinction entre l’observateur et l’expérimentateur ? La voici : on donne le nom d’observateur à celui qui applique les procédés d’investigation simples ou complexes à l’étude de phénomènes qu’il ne fait pas varier et qu’il recueille, par conséquent, tels que la nature les lui offre. On donne le nom d’expérimentateur à celui qui emploie les procédés d’investigation simples ou complexes pour faire varier ou modifier, dans un but quelconque, les phénomènes naturels et les faire apparaître dans des circonstances ou dans des conditions dans lesquelles la nature ne les lui présentait pas. Dans ce sens, l’observation est l’investigation d’un phénomène naturel, et l’expérience est l’investigation d’un phénomène modifié par l’investigateur. Cette distinction qui semble être tout extrinsèque et résider simplement dans une définition de mots, donne cependant, comme nous allons le voir, le seul sens suivant lequel il faut comprendre la différence importante qui sépare les sciences d’observation des sciences d’expérimentation ou expérimentales.

Nous avons dit, dans un paragraphe précédent, qu’au point de vue du raisonnement expérimental les mots observation et expérience pris dans un sens abstrait signifient, le premier, la constatation pure et simple d’un fait, le second, le contrôle d’une idée par un fait. Mais si nous n’envisagions l’observation que dans ce sens abstrait, il ne nous serait pas possible d’en tirer une science d’observation. La simple constatation des faits ne pourra jamais parvenir à constituer une science. On aurait beau multiplier les faits ou les observations, que