Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/350

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
344
applications de la méthode expérimentale.

sidérée avec juste raison comme la voie du progrès. Toutefois j’ai vu souvent cette application de la physiologie à la médecine être très mal comprise, de sorte que non seulement elle ne produit pas tous les bons résultats qu’on est en droit d’en attendre, mais elle devient même nuisible et fournit alors des arguments aux détracteurs de la médecine expérimentale. Il importe donc beaucoup de nous expliquer à ce sujet ; car il s’agit ici d’une importante question de méthode, et ce sera une nouvelle occasion de fixer d’une manière plus précise le véritable point de vue de ce que nous appelons la Médecine expérimentale.

La médecine expérimentale diffère dans son but de la Médecine d’observation de la même manière que les sciences d’observation, en général, diffèrent des sciences expérimentales. Le but d’une science d’observation est de découvrir les lois des phénomènes naturels afin de les prévoir ; mais elle ne saurait les modifier ni les maîtriser à son gré. Le type de ces sciences est l’astronomie ; nous pouvons prévoir les phénomènes astronomiques, mais nous ne saurions rien y changer. Le but d’une science expérimentale est de découvrir les lois des phénomènes naturels, non seulement pour les prévoir, mais dans le but de les régler à son gré et de s’en rendre maître ; telles sont la physique et la chimie.

Or, parmi les médecins il en est qui ont pu croire que la médecine devait rester une science d’observation, c’est-à-dire une médecine capable de prévoir le cours et l’issue des maladies, mais ne devant pas agir directement sur la maladie. Il en est d’autres, et je