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applications de la méthode expérimentale.

un bon observateur, il doit être profondément instruit dans la clinique, connaître exactement les maladies avec toutes leurs formes normales, anormales ou insidieuses, être familiarisé avec tous les moyens d’investigations pathologiques et avoir, comme l’on dit, un diagnostic sûr et un bon pronostic ; il devra en outre être ce qu’on appelle un thérapeutiste consommé et savoir tout ce que les essais empiriques ou systématiques ont appris sur l’action des remèdes dans les diverses maladies. En un mot, le médecin expérimentateur possédera toutes les connaissances que nous venons d’énumérer comme doit le faire tout médecin instruit, mais il différera du médecin systématique en ce qu’il ne se conduira d’après aucun système ; il se distinguera des médecins hippocratistes et des médecins empiriques en ce qu’au lieu d’avoir pour but l’observation des maladies et la constatation de l’action des remèdes, il voudra aller plus loin et pénétrer, à l’aide de l’expérimentation, dans l’explication des mécanismes vitaux. En effet, le médecin hippocratiste se trouve satisfait quand, par l’observation exacte, il est arrivé à bien caractériser une maladie dans son évolution, à connaître et à prévoir à des signes précis ses diverses terminaisons favorables ou funestes, de manière à pouvoir intervenir s’il y a lieu pour aider la nature, la diriger vers une terminaison heureuse ; il croira que c’est là l’objet que doit se proposer la science médicale. Un médecin empirique se trouve satisfait quand, à l’aide de l’empirisme, il est parvenu à savoir qu’un remède donné guérit une maladie donnée, à