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obstacles que rencontre la méd. expérimentale.

ture. L’empirique qui a foi dans l’action des remèdes comme moyens de changer la direction des maladies et de les guérir, se contente de constater empiriquement les actions médicamenteuses sans chercher à en comprendre scientifiquement le mécanisme. Il n’est jamais dans l’embarras ; quand un remède a échoué, il en essaye un autre ; il a toujours des recettes ou des formules à son service pour tous les cas, parce qu’il puise, comme on dit, dans l’arsenal thérapeutique qui est immense. La médecine empirique est certainement la plus populaire de toutes. On croit dans le peuple que, par suite d’une sorte de compensation, la nature a mis le remède à côté du mal, et que la médecine consiste dans l’assemblage de recettes pour tous les maux qui nous ont été transmises d’âge en âge et depuis l’origine de l’art de guérir. Le médecin expérimentateur est à la fois hippocratiste et empirique en ce qu’il croit à la puissance de la nature et à l’action des remèdes ; seulement il veut comprendre ce qu’il fait ; il ne lui suffit pas d’observer ou d’agir empiriquement, mais il veut expérimenter scientifiquement et comprendre le mécanisme physiologique de la production de la maladie et le mécanisme de l’action curative du médicament. Il est vrai qu’avec cette tendance d’esprit, s’il était exclusif, le médecin expérimentateur se trouverait autant embarrassé que le médecin empirique l’était peu. En effet, dans l’état actuel de la science, on comprend si peu de chose dans l’action des médicaments, que, pour être logique, le médecin expérimentateur se trouverait réduit à ne rien faire et à rester le plus souvent dans l’expectation que lui