Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/382

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
376
applications de la méthode expérimentale.

phénomène de la nature minérale. Le médecin expérimentateur exercera successivement son influence sur les maladies dès qu’il en connaîtra expérimentalement le déterminisme exact, c’est-à-dire la cause prochaine. Le médecin empirique, même le plus instruit, n’a jamais la sûreté de l’expérimentateur. Un des cas les plus clairs de la médication empirique est la guérison de la fièvre par la quinine. Cependant cette guérison est loin d’avoir la certitude de la guérison de la gale. Les maladies qui ont leur siége dans le milieu organique extérieur, telles que les maladies épiphytiques et épizoaires seront plus faciles à étudier et à analyser expérimentalement ; elles arriveront plus vite à devenir des maladies dont le déterminisme sera obtenu et dont le traitement sera scientifique. Mais, plus tard, et à mesure que la physiologie fera des progrès, on pourra pénétrer dans le milieu intérieur, c’est-à-dire dans le sang, y découvrir les altérations parasitiques ou autres qui seront les causes de maladies et déterminer les actions médicamenteuses physico-chimiques ou spécifiques capables d’agir dans ce milieu intérieur pour modifier les mécanismes pathologiques qui y ont leur siége et qui de là retentissent sur l’organisme tout entier.

Dans ce qui précède se trouve résumée la manière dont je conçois la médecine expérimentale. Elle n’est rien autre chose, ainsi que je l’ai répété bien souvent, que la conséquence de l’évolution toute naturelle de la médecine scientifique. En cela, la médecine ne diffère pas des autres sciences qui toutes ont traversé l’empirisme avant d’arriver à leur période expérimentale