Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
65
de l’idée à priori et du doute.

ries. De nos jours, on a vu des grands physiciens faire des découvertes du premier ordre à l’occasion d’expériences instituées d’une manière illogique par rapport aux théories admises. L’astronomie a assez de confiance dans les principes de sa science pour construire avec eux des théories mathématiques, mais cela ne l’empêche pas de les vérifier et de les contrôler par des observations directes ; ce précepte même, ainsi que nous l’avons vu, ne doit pas être négligé en mécanique rationnelle. Mais dans les mathématiques, quand on part d’un axiome ou d’un principe dont la vérité est absolument nécessaire et consciente, la liberté n’existe plus ; les vérités acquises sont immuables. Le géomètre n’est pas libre de mettre en doute si les trois angles d’un triangle sont égaux ou non à deux droits ; par conséquent, il n’est pas libre de rejeter les conséquences logiques qui se déduisent de ce principe.

Si un médecin se figurait que ses raisonnements ont la valeur de ceux d’un mathématicien, il serait dans la plus grande des erreurs et il serait conduit aux conséquences les plus fausses. C’est malheureusement ce qui est arrivé et ce qui arrive encore pour les hommes que j’appellerai des systématiques. En effet, ces hommes partent d’une idée fondée plus ou moins sur l’observation et qu’ils considèrent comme une vérité absolue. Alors ils raisonnent logiquement et sans expérimenter, et arrivent, de conséquence en conséquence, à construire un système qui est logique, mais qui n’a aucune réalité scientifique. Souvent les personnes superficielles se laissent éblouir par cette apparence de logique, et