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de l’idée à priori et du doute.

pousser sans crainte les idées dans tout leur développement pourvu qu’on les règle et que l’on ait toujours soin de les juger par l’expérience. L’idée, en un mot, est le mobile de tout raisonnement en science comme ailleurs. Mais partout l’idée doit être soumise à un critérium. En science, ce critérium est la méthode expérimentale ou l’expérience, ce critérium est indispensable, et nous devons l’appliquer à nos propres idées comme à celles des autres.

§ IV. — Caractère indépendant de la méthode expérimentale.

De tout ce qui a été dit précédemment il résulte nécessairement que l’opinion d’aucun homme, formulée en théorie ou autrement, ne saurait être considérée comme représentant la vérité complète dans les sciences. C’est un guide, une lumière, mais non une autorité absolue. La révolution que la méthode expérimentale a opérée dans les sciences consiste à avoir substitué un critérium scientifique à l’autorité personnelle.

Le caractère de la méthode expérimentale est de ne relever que d’elle-même, parce qu’elle renferme en elle son critérium, qui est l’expérience. Elle ne reconnaît d’autre autorité que celle des faits, et elle s’affranchit de l’autorité personnelle. Quand Descartes disait qu’il faut ne s’en rapporter qu’à l’évidence ou à ce qui est suffisamment démontré, cela signifiait qu’il fallait ne plus s’en référer à l’autorité, comme faisait la scolastique, mais ne s’appuyer que sur les faits bien établis par l’expérience.