Page:Bernard - La science expérimentale.djvu/220

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tent en général que la sensibilité consciente, celle qu’atteste le moi. C’est pour eux la modification psychique, plaisir, douleur, déterminée par les modifications externes. Une telle définition ne s’applique guère qu’à l’homme seul, puisqu’elle fait intervenir la conscience : le phénomène qu’elle caractérise est sans analogue, sans pair, on pourrait dire sans signification, dès que l’on sort du sujet pensant.

Les physiologistes se placent nécessairement à un autre point de vue. Il ne leur suffit pas de définir, ils doivent étudier le phénomène objectivement, sous toutes les formes qu’il revêt. Ils observent qu’au moment où un agent modificateur vient agir sur l’homme, il ne provoque point seulement le plaisir ou la douleur, il n’affecte pas seulement l’âme : il affecte le corps, il détermine d’autres réactions que les réactions psychiques, et ces réactions automatiques, loin d’être la partie accessoire du phénomène, en sont au contraire l’élément essentiel, persistant, survivant aux autres réactions chez l’homme même, seules saisissables chez les autres animaux.