Page:Bernard - La science expérimentale.djvu/258

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sorte innombrables que j’ai répétées depuis vingt ans.

À l’aide d’une petite flèche empoisonnée, j’ai fait sur le dos d’un lapin une piqûre si peu douloureuse qu’il n’en a pas pour cela interrompu son repas ; mais après deux ou trois minutes l’animal a cessé de manger et est allé se placer dans un coin du laboratoire : il s’est tapi contre le mur et a baissé ses oreilles sur son dos, comme s’il eût voulu dormir. Puis il est resté parfaitement tranquille et peu à peu s’est affaissé ; ses jambes ont d’abord cédé en même temps que la tête a fléchi ; enfin il est tombé sur le flanc complétement paralysé. Après six minutes, à partir du moment de la piqûre, l’animal était mort, c’est-à-dire que la respiration avait cessé.

Un jeune chien piqué à la cuisse avec un instrument empoisonné s’aperçut à peine de sa blessure ; il courait et sautait comme de coutume, mais au bout de trois ou quatre minutes l’animal se coucha sur le ventre comme s’il eût été fatigué ; il avait conservé toute son intelligence et ne semblait nullement souffrir ; seule-