Page:Bernard - La science expérimentale.djvu/260

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Tous les voyageurs qui ont vu périr des animaux par le curare décrivent la mort avec des symptômes pareils à ceux que nous venons d’indiquer. « La mort arrive, dit M. Carrey, comme si un fluide vital s’écoulait. » Waterton, qui nous a donné le plus de détails sur les effets du curare raconte que lorsqu’un oiseau est blessé à la chasse par une flèche empoisonnée, il reste environ trois minutes avant de tomber, mais que sa chute n’est précédée par aucun signe de douleur, qu’il y a seulement une sorte de stupeur qui se manifeste par une répugnance apparente au mouvement.

« Ayant empoisonné, dit-il, une jeune poule pleine de vie au moyen d’une piqûre faite à la cuisse avec une flèche empoisonnée, la poule n’en parut nullement incommodée. Pendant la première minute, elle marcha tranquillement ; pendant la deuxième minute, elle resta calme et becqueta la terre. Moins d’une demi-minute après, elle ouvrit et ferma souvent le bec ; sa queue était abaissée, et ses ailes tombaient presque à terre. À la fin de la troisième minute, elle était courbée, ne pouvant plus soutenir sa