n’eût pas pu distinguer cette chute d’un mouvement ordinaire. Si l’on avait ignoré la circonstance de sa blessure, on n’eût jamais pensé qu’il succombait. La bouche était fermée ; on n’y voyait ni écume, ni salive. On n’observa ni tressaillement, ni altération visible de la respiration. Au bout de dix minutes, il fit un léger mouvement, et une minute après il était mort. « En un mot, dit Waterton, depuis le moment où l’action du poison commença à se montrer chez le paresseux, on aurait cru que le sommeil l’accablait. »
Waterton nous donne encore le récit de la mort d’un homme empoisonné par le curare.
Deux Indiens couraient la forêt pour chercher du gibier. L’un d’eux prit une flèche empoisonnée et la lança sur un singe rouge qui était au-dessus de lui, dans un arbre. Le coup était presque perpendiculaire. La flèche manqua le singe, et en retombant frappa l’Indien au bras, un peu au-dessus du coude. Il fut convaincu que tout était fini pour lui. « Jamais, dit-il à son camarade d’une voix entrecoupée et regardant son arc pendant qu’il parlait, jamais je ne ban-