Page:Bernard - La science expérimentale.djvu/309

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ments à la fois : on les voit s’éteindre successivement, en commençant par les mouvements des extrémités et en finissant par les mouvements respiratoires. Cet envahissement progressif de l’appareil locomoteur provient de l’action d’une dose graduellement croissante de poison introduite dans le sang par l’absorption, car lorsqu’on injecte d’un seul coup dans la circulation une forte proportion de curare, l’animal est comme foudroyé et meurt instantanément. Ceci nous prouve en outre qu’il y a des éléments nerveux moteurs qui sont plus accessibles à l’action du curare que d’autres. En effet, bien qu’il s’agisse d’éléments organiques de même nature, il y a entre eux une hiérarchie physiologique, de même qu’il y a une classification zoologique qui exprime la hiérarchie des organismes. La quantité de curare arrivée dans le sang et capable d’empoisonner les nerfs moteurs des membres ne suffit pas pour agir sur les nerfs moteurs de la tête : la quantité qui paralyse les nerfs moteurs de la tête n’atteint pas encore les nerfs respiratoires thoraciques et diaphragmatiques, mais d’un autre côté cette