Page:Bernard - La science expérimentale.djvu/310

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différence dans la susceptibilité des éléments pour le poison coïncide avec une vibration moins rapide de leur substance, de telle sorte que ceux qui sont les plus longs à s’empoisonner sont en même temps les plus tardifs à se débarrasser de la substance toxique. Les nerfs moteurs des membres et de la tête, qui sont empoisonnés avant les nerfs respiratoires, reprennent leurs fonctions avant ces derniers. C’est ce qui nous explique comment l’ânesse de Waterton, qui a pu relever la tête et regarder autour d’elle, est retombée morte quand on a arrêté le soufflet qui la faisait vivre en remplaçant ses nerfs respiratoires encore engourdis.

De cet ensemble d’observations il résulte que nous pouvons, en variant les doses du curare, passer en quelque sorte du poison au médicament, empoisonner l’animal complétement ou incomplétement, et même l’empoisonner au tiers, au quart, etc., de manière à obtenir des effets qui non-seulement ne soient pas mortels, mais qui soient gradués et déterminés d’avance.

J’ai institué depuis longtemps un grand nombre d’expériences de ce genre : j’ai pu ainsi