Page:Bernard - La science expérimentale.djvu/34

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Le 31 décembre, le froid le saisit dans le laboratoire du Collége de France ; bientôt survinrent les frissons, la fièvre et les phénomènes spéciaux, signes d’une inflammation rénale. Rien ne put enrayer la marche d’un mal dont il suivait tous les progrès. Sans illusion sur la fatalité de la catastrophe, il l’envisageait d’un œil calme, se refusant avec un sourire aux pieux mensonges de sa famille scientifique. Il était de ceux dont le regard ne s’effraye pas de l’inconnu.

Les sentiments personnels doivent se taire dans cet immense deuil de la science. Et cependant, ce n’est pas seulement la perte d’un grand homme qui mouille les yeux de ceux qui entourent son cercueil : tant de bienveillance, de simplesse d’âme, de générosité naïve étaient unies à ce génie ! Il en est dont la main tremble en essayant d’esquisser quelques traits de ce noble et grand caractère.

Rien dans cette vie si pure, si harmoni-